Pierre Bayle et la transcription d’un nom : le prophète de l’islam à l’aube du XVIIIe siècle

Le 15 mars 2023

Communication prévue lors du colloque Typologies de l’islam occidental dans les encyclopédies, les dictionnaires et les lexiques européens aux XVIIIe et XIXe siècles à l’université de Lorraine (16-17 mars 2023)
Ahmed Mahdi

Dans un occident qui s’intéresse de plus en plus à l’islam, le lexicographe, le philosophe ou encore le traducteur, en somme, l’écrivain, doit trouver un nom au prophète de cette religion « étrangère ». Comment retranscrire en lettres latines le nom d’un prophète arabe ? Cette question, qui ne semble finalement pas avoir trouvé de réponse définitive en français dans notre siècle actuel, donnait déjà lieu à diverses réponses dans l’Europe du XVIIIe siècle.

Le Dictionnaire de Pierre Bayle, à l’aube de ce XVIIIe siècle, se confronte à cette problématique. En effet, au-delà de la nécessité de nommer ce personnage historique, sa stature lui confère le droit d’avoir une entrée propre pour présenter sa vie, son œuvre, et finalement sa religion. Ainsi, dans quelle lignée Pierre Bayle s’inscrit-il pour choisir son entrée et proposer ainsi un article sur le prophète de l’islam ? En effet, ce nom n’a de cesse d’évoluer, de muter, de prendre une forme nouvelle un jour et une forme ancienne un autre, sans jamais, semblerait-il, réussir à se stabiliser. D’entre les personnages religieux au caractère biblique ou prophétique, cet homme semble faire exception, alors que la plume se sent à l’aise lorsqu’il s’agit d’orthographier les noms d’Adam, Abraham, Moïse ou encore Jésus. En revanche, écrire le nom du prophète de l’islam, ici même, relèverait d’un choix, d’une décision, voire d’une prise de position.

Dans cette étude, nous nous proposons donc d’analyser le choix de Pierre Bayle et d’interroger ce choix à la lumière des écrits qui ont suivi son dictionnaire, notamment ceux de George Sale qui, en Angleterre, a non seulement participé à la version anglaise de ce dictionnaire, mais a également proposé une traduction du Coran auquel est adjoint un « Discours préliminaire » riche en analyses. Quelles représentations se cachent derrière ce choix en particulier ? Quels sont les enjeux sous-jacents à la retranscription de ce nom dans les dictionnaires de cette époque ? Une analyse critique de la proposition de P. Bayle visera à comprendre le contexte de cette publication et le défi posé aux auteurs de cette période particulièrement féconde.

Mots-clés : transcription, prophète, islam, Bayle, Sale

Bibliographie sélective

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